Photo de Timy, un golden sable, avec Valentine, sa bénéficiaire, à sa droite.

 

L’année dernière, l’École de Chiens Guides de Paris m’a remis mon premier chien guide, la chose la plus précieuse qui m’ait jamais été confiée : mon petit Timy.
Cela fait un peu plus d’un an que nous sommes inséparables, et ce petit chien a bouleversé mon quotidien de tant de manières que cela paraît impossible à expliquer, mais comme j’aime les défis, je vais quand même essayer.

Tout d’abord, il y a le sentiment d’appartenance apporté par l’École, qui veille sur nous avec une exigence bienveillante.
Des personnes passionnées, dont l’expérience n’empêche pas l’ouverture et la flexibilité, nous suivent, partagent nos victoires et nous aident à surmonter nos difficultés. Cette école est pour moi une bulle rassurante où tout est fait pour mettre les déficients visuels à l’aise, un environnement sécurisant qui invite au dépassement de soi tout en respectant nos limites.

Puis, il y a l’énorme boost en termes de confiance en soi. Pour communiquer avec Timy, j’ai dû apprendre à dire « non » fermement, quelque chose qui a toujours été compliqué pour moi. Ce fut un apprentissage précieux, qui m’a été utile dans bien des domaines de ma vie. Les pré-stages avec Mathieu ont eu plus d’impact que des années de psychothérapie, et je suis maintenant une pratiquante enthousiaste du « non », au grand désespoir de mon entourage.
Et puis, avoir un chien guide, ça donne des ailes : on se permet d’explorer au lieu d’aller d’un point A à un point B, et puis, si on se perd, c’est vachement moins dramatique que si on était seul. Je me suis rendu compte quelques mois après avoir eu Timy que je ne redoutais plus les lieux inconnus, alors qu’ils ont été un sujet d’angoisse toute ma vie. Maintenant, j’adore découvrir de nouveaux endroits — et Timy aussi. Sa devise, c’est : « Je sais pas où on va, mais j’ai hâte d’y être ».

Ensuite, il y a évidemment la relation qui s’est créée entre Timy et moi. Avoir un chien guide, c’est avoir un coéquipier, un allié partout où on va. Nous avons une responsabilité mutuelle et une confiance totale l’un envers l’autre, et l’amour que je ressens pour lui semble infini. Timy est mon partenaire de danse, ma peluche, mon complice et mon garde du corps. Chaque matin, il est la première chose à laquelle je pense en me réveillant, et dès qu’il sait que je suis debout, il vient me faire la fête, son petit corps ondulant avec une grâce digne d’une danseuse orientale. Je vous mets au défi de trouver une meilleure manière de commencer la journée.
Enfin, il y a la gratitude. En anglais, il y a une expression qui dit qu’il faut un village pour élever un enfant. Je pense qu’on peut dire qu’il faut tout un village pour élever un Timy et quel village ! Le centre d’élevage, le pôle famille d’accueil, les familles d’accueil, les animaliers, les éducateurs, les familles relais, les bénévoles… et je suis désolée si j’oublie des gens.

Lorsqu’Émilie nous a expliqué le rôle des familles d’accueil, mes camarades de remise et moi étions bouleversés. Réaliser que des personnes avaient donné leur temps, leur énergie et leur amour pour qu’un ou une inconnue puisse avoir un chien guide est tout bonnement incroyable. Cet altruisme nous a émus au plus haut point et n’a fait qu’amplifier notre sentiment d’être privilégiés.

Nous étions également fascinés par le travail de nos éducateurs, chargés d’éduquer nos loulous et nous-mêmes avec patience, pédagogie, psychologie et bienveillance.
Quand je pense à Timy, je pense à ce village qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui, et ça ne cessera jamais de m’émerveiller.
Alors merci à vous pour lui, pour tous les autres vous faites un travail merveilleux, et c’est un honneur d’en bénéficier.

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